Dans combien de temps seras-tu là?

mercredi 28 février 2007

Lettre aux autorités chinoises










Vous ne nous connaissez pas, c'est vrai, même si quelque part sur vos tablettes, vous possédez un aperçu assez impressionnant de nos deux vies. Vous savez où nous vivons, quand nous nous sommes mariés. Vous connaissez notre revenu, notre taille, notre poids, avez vu des photos de nous, de notre demeure, de notre fils aussi. Mais vous ne nous connaissez pas vraiment. Même l'évaluation psychosociale que vous exigiez, malgré qu'elle ait été menée avec beaucoup de professionnalisme par notre travailleuse sociale, ne rend pas justice à ce que nous sommes. Vous ne pouvez même pas vous imaginer à quel point nous souhaitons adopter une petite fille en provenance de la Chine. Vous ne savez pas à quel point nous l'espérons déjà, la chérissons déjà, lui avons déjà fait une place enviable dans nos vies. Même si nous sommes encore à des années lumière de notre première rencontre avec elle, elle a déjà un nom, une chambre bien à elle et un immense espace réservé dans nos coeurs. Même son grand frère ne cesse de la réclamer lui qui, à quatre ans, ne comprend pas pourquoi elle prend autant de temps à arriver.


Nous non plus honnêtement. Nous admettons bien facilement que vous soyez débordés avec toutes ces demandes d'adoption reçues des quatre coins du monde. Comprenons aussi, même si nous n'approuvons pas nécessairement, que vous exigiez de nouvelles conditions aux futures familles postulantes au cours des prochains mois. Nous concevons sans problème que vous soyez seul maître à bord dans votre programme d'adoption internationale et que c'est votre droit de fixer les règles et les délais. Nous saisissons bien cela et en respectons les impacts.


Vous êtes maîtres d'oeuvre certes, personne ne le nie. Mais nous sommes parents et en tant que tels, cette attente est INSOUTENABLE. Ne comprenez-vous pas que nous espérons notre enfant minute après minute pendant des mois et des mois, sans aucune nouvelle, sans aucun signe de votre part? Si les délais continuent de s'alourdir jusqu'à 24 mois depuis la date d'enregistrement comme les rumeurs semblent vouloir le laisser entendre, cela voudra dire que nous aurons espéré notre fille 1 051 200 minutes en tout et pour tout. Ne trouvez-vous pas cela excessif vous aussi? D'autant que cette petite fille grandit dans un orphelinat où vos moyens sont limités. Et ce n'est pas un jugement, mais une constatation.


Bien sûr, nous comprenons que vos enfants sont une fierté nationale, que vous estimez nous faire une faveur en nous les proposant en adoption et vous avez raison. Vous nous offrez une chance exceptionnelle d'agrandir notre famille et nous vous en serons éternellement reconnaissants. Ne voyez-vous pas cependant que nous travaillons dans le même sens? Nous aussi, nous souhaitons le meilleur pour notre fille. Nous l'aimons déjà et de tout notre coeur cette enfant, ne l'oubliez pas, voulez-vous.


Peut-être les parents adoptants vous ont-ils déplus au fil des ans par leur manière un peu cavalière d'exiger un enfant, mais avoir des enfants est un besoin vicéral qu'il est parfois difficile de contrôler et ça l'est peut-être encore plus quand on est incapable de les faire soi-même. Ce n'est pas facile de s'ouvrir ainsi le coeur. D'admettre que notre corps ne peut procréer. Que même la médecine moderne n'a rien pu faire pour nous. Et ce n'est pas facile non plus de remettre sa vie entre les mains d'autorités étrangères en mentionnant simplement "je ne suis pas capable d'être parent par moi-même, j'aimerais devenir le parent de l'un de vos enfants si vous le jugez opportun!" et d'attendre que vous daigniez accepter la demande. Bien des gens n'admettent même pas que Dieu ait ce pouvoir, alors imaginez quand ils doivent le donner à de parfaits inconnus comme vous? Et que, par-dessus le marché, ces parfaits inconnus ne reconnaissent pas cet acte d'humilité, parce que c'en est un, croyez-nous!


Dans le fond, tout ce que nous voulions vous dire, c'est que nous aimons déjà tellement notre fille. Sa place est déjà prête près de nous. Il ne manque plus que votre OK pour qu'elle puisse l'occuper complètement. Nous savons que tous les parents postulants sont dans la même situation que nous, alors si vous trouviez, dans votre coeur, la force de nous traiter en alliés plutôt qu'en clients uniquement. Si vous acceptiez d'accélerer les processus de jumelage pour que vos enfants confiés aux soins d'orphelinats puissent grandir dans des familles qui les ont tellement attendus, tout le monde serait gagnant. Vous, qui auriez la satisfaction d'avoir réunis des parents et des enfants qui ont besoin les uns des autres, vos enfants qui auraient enfin des parents pour prendre soin d'eux, et des milliers de parents qui ne demandent rien d'autre que d'aimer ces enfants que vous leur confierez.


SVP aidez vos enfants, aidez nous comme parents, à former une famille.

mardi 20 février 2007

Bonne année du cochon d'or!

Le 18 février dernier débutait la nouvelle année selon le calendrier chinois: l'année du cochon d'or si l'on se fie à l'astrologie chinoise. Cette année fabuleusement chanceuse aurait lieu tous les 600 ans seulement selon les astrologues et apporterait aux enfants qui naissent au cours de cette année, beaucoup de chance et de prospérité.

Je choisis de croire que ma fille naîtra au cours de cette année et même si nous ne pourrons peut-être pas aller la chercher en 2007, elle sera un produit de cette année exceptionnelle et cette chance la suivra durant toute sa vie. D'ailleurs, beaucoup d'Asiatiques, dont beaucoup de Chinois, auront des enfants durant cette période pour amener la chance dans leur demeure. Peut-être ce "babyboom" favorisera-t-il les parents postulants à l'adoption internationale également puisqu'il risque d'y avoir aussi un nombre impressionnant de fillettes abandonnées en cours de route.

Il est donc à espérer que le CCAA, dans sa volonté d'offrir le meilleur aux enfants placés sous sa protection, amorcera un mouvement qui réduira les temps d'attente qui, pour le moment, ne cessent de s'allonger. Notre fille, notre petit cochon d'or, pourrait-elle être déposée dans nos bras plus vite que prévu grâce au coup de main de cette année chanceuse?

Je choisis de croire que oui!






jeudi 8 février 2007

Pré-adoption et solitude


Petit trésor, mon coeur, pour toi, bat sans arrêt... Entends-tu ses battements?

Les parents en situation de grossesse virtuelle vivent une grande solitude. C'est un fait. Non pas que leur réseau soit contre le processus d'adoption en soi - bien au contraire souvent, mais bien plutôt parce qu'il s'agit d'une attente sans signe tangible et tellement longue que votre entourage finit tout simplement par oublier.

Vous pas. Jamais. Vous avez préparé votre dossier d'adoption avec enthousiasme, accumulé des tonnes et des tonnes de papiers "officiels" tous plus indispensables les uns que les autres (certificat de mariage, certificats de naissance, certificats de bonne conduite, passeports, évaluation psychosociale, etc.) pour finalement, quelques mois plus tard, expédier le tout à votre organisme d'adoption qui prend le relai par la suite. Jusque-là, vous aviez quelque chose à raconter et les gens étaient curieux d'en entendre parler.

Puis débute la période inactive de votre grossesse. Vous ne contrôlez plus rien. Ni la destination de votre dossier, ni même la décision des autorités du pays où vous déposez votre demande. C'est le calme plat. Aucune nouvelle ne vous est jamais achminée. Si vous n'êtes pas proactif et ne recherchez pas vous-même un peu d'information sur le processus dans le pays d'origine de l'enfant, si vous ne cherchez pas vous-même à entrer en contact avec des parents qui attendent eux aussi l'heureux événement, vous serez seuls, bien seuls.

Rares sont les gens qui penseront à vous demander comment se déroule votre grossesse. Ils oublient (et c'est normal, ce n'est pas LEUR réalité) que vous êtes en attente de ce petit poussin jour après jour sans rien pour vous remonter le moral ou vous convaincre que le grand jour arrivera bien un jour. Dans leur tête, vous continuez de vivre votre vie comme si de rien était sans penser un seul instant que votre coeur bat pour cet enfant-là à chaque minute de chaque jour qui passe comme il le ferait obligatoirement pour un foetus qui se développe dans votre ventre.

Attendre un enfant, biologiquement ou par adoption, ne signifie pas que les émotions aient deux poids, deux mesures. Attendre un enfant, c'est ATTENDRE UN ENFANT. Ce miracle de la vie qui fera en sorte qu'un petit être sans défense viendra au monde et sera déposé dans vos bras pour que vous l'aidiez à grandir. On ne ressent pas moins les choses parce qu'on ne le porte pas en soi. Au contraire, il faut peut-être l'imaginer encore plus pour se convaincre qu'il existe bel et bien quelque part ce petit être tant désiré...

mardi 6 février 2007

Sous un froid polaire...



Il fait froid. Très froid aujourd'hui. Je me sens comme un petit ours polaire qui frissonne sous un vent glacial quelque part sur sa banquise. Le soleil brille de tous ses feux dans le ciel, mais sa chaleur n'arrive pas jusqu'à moi parce qu'un petit nuage flotte au-dessus de ma tête: celui de te savoir si loin au bout du monde et au bout de je ne sais combien de pages de calendriers. Je ne te connais pas encore vraiment, mais mon coeur de maman t'attend comme si je te tricotais au jour le jour. Je ne sais pas qui tu es, ni quelles seront tes premières expériences de vie et pourtant, je t'aime du plus profond de moi-même. En fermant les yeux, j'arrive à sentir la chaleur de ton petit corps blotti contre moi, je reconnais ton parfum, j'entends tes gazouillis et je vois ton visage. Je pense que je te reconnaîtrais parmi mille fillettes. Je t'aime, mon enfant adorée...

En ce froid matin de février, je pense à ton autre maman...


A la maman biologique de ma petite fille chérie (ta maman panda)


Je ne vous connais pas et je n’aurai probablement jamais la chance de vous croiser, mais je tenais à vous remercier infiniment du précieux trésor que vous vous apprêtez à nous confier, à mon mari et à moi. Cette petite fille que vous portez en votre sein viendra combler un grand rêve que nous chérissons depuis longtemps, celui d’agrandir notre famille.

Je ne sais pas qui vous êtes, mais je sais que vous aimez profondément votre fille. Aucun doute à cet effet. Pourquoi, sinon, auriez-vous accepté de lui donner la vie et de la confier à l’adoption? Votre grossesse ne doit pas être facile. Je ne sais pas dans quel milieu vous vivez, mais je peux m’imaginer la souffrance que doit ressentir une maman qui sait qu’elle ne gardera pas son enfant après lui avoir donné la vie. Je vous conjure d’être courageuse. Sachez que votre petite chérie trouvera ici des bras aimants pour bercer ses nuits. Sans vous connaître, je lui apprendrai à respecter la décision difficile que vous avez prise de la laisser aller.

Mon intention est d’essayer de faire en sorte que votre fille comprenne le geste que vous vous apprêtez à poser. Ce qui est certain, c’est qu’elle ne vous oubliera pas. Je le voudrais qu’elle ne le pourrait pas. Vous faites partie d’elle et ça, je ne peux pas, ni ne veux pas le lui enlever. Nos rôles à vous et à moi sont complémentaires. Vous avez eu la chance de la mettre au monde, j’aurai celle, immense, de la voir grandir, évoluer, s’épanouir. De votre coin du monde, même s’il vous sera impossible de la revoir, vous pourrez être fière d’elle et de ce qu’elle deviendra parce qu’elle aura l’avenir devant elle. Elle aura toutes les chances de se réaliser et de devenir une jeune femme accomplie et rayonnante. Et un jour, peut-être, vous et moi auront des petits-enfants en commun.

Merci encore une fois du cadeau exceptionnel que vous nous faites. Votre fille, notre fille sera chérie et aimée totalement et entièrement.

vendredi 2 février 2007

Enfin des jumelages!


Le CCAA vient enfin de mettre à jour son site internet! Partout à travers le monde donc, des familles qui ont attendu des mois, reçoivent enfin des nouvelles et ont la chance de voir pour la première fois celui ou celle dont ils ont rêvé parfois pendant des années.

Voici comment ça fonctionne. Une fois par mois (ou presque), le CCAA annonce la date de "cut off", ainsi que la date d'inscription ayant terminé le processus d'évaluation de la "Review Room". Cette fois-ci, les familles ayant un LID (Log in date) jusqu'au 13 octobre 2005 ont reçu leur jumelage. Quand aux familles ayant leur LID jusqu'au 22 mars 2006, elles peuvent respirer tranquilles. Leur dossier a survécu à la Review Room et sera maintenant acheminé à la Matching Room pour un éventuel jumelage.

Pour toute la communauté internationale des parents adoptants en Chine, cette mise à jour du site internet du CCAA est une grande étape. Ça signifie que le processus avance, lentement mais sûrement, et, qu'inévitablement, son tour approche.

Qui êtes-vous ?

Une voix parmi tant d'autres...