Dans combien de temps seras-tu là?

lundi 27 août 2007

Mais qui êtes-vous donc pour juger?

Un éditorialiste du National Post publiait la semaine dernière un commentaire faisant suite à la décision rendue par la Cour Suprême de ne pas accorder aux mamans adoptantes le congé de " maternité " de 15 semaines que l’assurance-emploi réserve aux mamans biologiques, statuant du même coup qu’il était normal qu’une maman ayant accouché ait du temps pour se reposer. Il n’a certainement pas accouché pour écrire chose pareille!!! Ce n’est pas dans ces quinze semaines là qu’on se repose, croyez-moi!

Enfin, là n’est pas le propos de cette intervention. Il est tout à fait normal qu’une maman qui donne naissance à un nourrisson ait du temps à lui consacrer. Les cinquante semaines (15 semaines de maternité + 35 semaines de congé parental) que permet l’Assurance-emploi et, de façon quasi identique le RQAP (Régime québécois d’assurance parentale) sont géniales pour ça. On accorde ainsi à la maman biologique (aux parents si le congé parental est partagé entre les deux conjoints) du temps pour donner de bonnes bases à son bébé.

Là où le bât blesse dans l’histoire – et c’est là où l’éditorialiste du National Post en a rajouté – c’est au niveau de la logique qui sous-tend le nombre de semaines de " congé " accordé aux parents adoptants. On prétend ainsi que les mamans adoptantes n’ont pas besoin du congé de maternité de 15 semaines, ayant choisi de ne pas donner naissance à leur enfant!

Toutes choses étant relatives par ailleurs, il est vrai que les mamans adoptantes ne passent pas par les " mêmes " souffrances de l’enfantement comme décrites dans les Saintes écritures! Mais il n’en demeure pas moins qu’elles sont confrontées à une rencontre du troisième type avec LEUR enfant plus vieux, ayant vécu en orphelinat les premiers mois de sa vie, ayant eu peu ou pas de contacts physiques avec quiconque, n’ayant pas été stimulé, cajolé, câliné comme devrait l’être tout enfant. La maman ne connaît pas son enfant et l’enfant ne connaît pas sa maman. N’a jamais entendu sa voix, ni les battements de son cœur. Ne reconnaît pas son parfum, ses caresses, ses chansons. Ils sont de parfaits inconnus l’un pour l’autre. N’ont-ils pas le droit à du temps pour apprendre à s’aimer, à se respecter, à se faire confiance?

Pourquoi refuser à cet enfant du temps précieux pour apprivoiser sa nouvelle réalité. Si le fait de donner quinze semaines de " congé " inutile à la maman adoptante vous répugne tant, pourquoi ne le donnez-vous pas à l’enfant qui arrive dans cette famille, dans ce milieu dont il ignore tout? En refusant ce temps précieux à ces enfants, n’êtes-vous pas entrain de leur dire qu’ils valent moins que les enfants biologiques à qui l’on accorde des moments doux avec leur maman? Je m’excuse de poser la question, mais elle est pertinente ne croyez-vous pas?

Quinze semaines supplémentaires pour favoriser l’attachement avec son enfant adoptif, ce n’est vraiment pas trop demandé!

Les cartons... de ma coccinelle

Quand nous avons décidé d’aller te chercher, Papa et moi, j’étais tellement emballée par l’idée de notre première rencontre que j’ai immédiatement commencé à préparer nos bagages! Nous étions à dix mois de notre départ après tout, fallait bien que je commence à y penser!
J’ai donc minutieusement choisi chacun des petits vêtements que j’amènerais pour toi et je les ai tendrement mis de côté pour ce grand événement. De temps en temps, au fil des mois, je revenais vers ce grand sac où je les avais rangés et je les ressortais un à un pour penser à toi.

Puis les mois d’attente se sont transformés en années. Alors qu’initialement nous avions prévu un voyage en Chine cet automne, nous serons plus que chanceux si ce voyage arrive à l’automne 2009! Ta maman du bout du monde aura donc complété une grossesse de 36 mois! Je t’aurai peut-être attendue deux ans avant même que tu ne sois née.

Pour diminuer un peu la douleur incessante de cette interminable attente, j’ai pris une grande décision, déchirante, crois-moi : celle de ranger – temporairement du moins – le grand sac où se retrouvaient tes petits habits. Cela ne m’empêchera pas de penser à toi tous les jours, mais ça m’évitera de pleurer toutes les larmes de mon corps à chaque fois que je poserai les yeux sur lui comme une maman à qui l’on arrache le cœur un peu plus tous les jours.

J’ai donc vidé tous les petits vêtements et je les ai soigneusement placés dans de grands cartons identifiés à ton nom, ma Coccinelle. Quand le moment viendra, le grand sac sera de nouveau rempli et je partirai enfin, le cœur léger, afin d’aller te chercher ma fille chérie. En attendant ce grand moment, je continuerai de porter fièrement ma coccinelle dans mon cœur…

Qui êtes-vous ?

Une voix parmi tant d'autres...